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Prévention burnout : Apprendre à s’écouter

Que faite-vous quand la batterie de votre téléphone est à plat ? Vous la rechargez !

Que faites-vous quand la batterie de votre ordinateur est à plat ? Vous la rechargez !

Que faites-vous quand la batterie de votre voiture est à plat ? Vous la rechargez ou vous la remplacez par une nouvelle ! 

Alors dites-moi… Quelle est la raison pour laquelle quand VOUS êtes à plat, vous continuez à lutter et à « survivre » sur vos réserves ?

Pourquoi faut-il souvent un élément déclencheur, une goutte qui fait déborder le vase pour vous faire prendre conscience que vous êtes allé trop loin… parfois beaucoup trop loin ?

A force de nous laisser dominer par nos peurs, d’être sous l’emprise de pseudo contraintes et d’exigences de perfection, de nous laisser piloter par de fausses croyances …, nous nous déconnectons complètement de notre être intérieur, cette partie de nous qui sent, qui sait ce qui est juste pour nous, dans l’instant présent. On se met alors à fonctionner en mode « robot » pour atteindre des objectifs, obtenir des résultats, correspondre aux attentes, faire plaisir, être aimé et reconnu… et on devient « sourd » à nos besoins et à ce que nous dit notre corps, qui est alors parfois obligé de crier plus fort pour se faire entendre et nous imposer les limites que nous ne savons nous mettre nous-mêmes. 

L’épuisement, le burnout, ces « mal a dit » qui sont malheureusement de plus en plus fréquentes, proviennent précisément d’une lente et insidieuse déconnexion de nos sensations et de nos limites. Parfois, on n’a même pas conscience d’avoir dépassé nos limites… parce qu’on ne les sent tout simplement plus… Il est donc primordial d’apprendre ou de réapprendre à s’écouter et à sentir où on en est, physiquement, mentalement et émotionnellement.

Parce que j’aime les images, je reprendrai celle des batteries, inspirée du livre de Joëlle Huaux « Génération burnout » …

L’Homme étant riche de complexités et de potentialités, imaginons que nous soyons hyper équipés et que nous possédions 4 batteries : 

  • La batterie émotionnelle, qui est celle qui va se (dé)charger en fonction des émotions qu’on est amené à vivre et à ressentir. 
  • La batterie physique, qui se (dé)charge en fonction de notre activité physique. 
  • La batterie intellectuelle, qui dépend des stimulations mentales. 
  • Et enfin, la batterie spirituelle, qui fait référence à nos projets et envies. 

Ces batteries peuvent se décharger suite à trop ou trop peu de stimulations. Dans notre mode de vie, elles ne sont que rarement chargées à 100% tout le temps et en même temps. Le secret de la santé mentale et du bien-être réside plutôt dans l’équilibre et la conscience qu’on peut avoir de leur état de charge pour pouvoir les réguler et adapter notre comportement en cas de besoin. Si une batterie reste trop basse trop longtemps, les autres se videront également pour lui venir en aide et on risque alors de se retrouver dans le rouge de manière généralisée

Quelques repères sur l’état de charge de ces batteries :

  • Une batterie est au vert et suffisamment chargée lorsqu’elle oscille entre 60 et 80%.
  • Elle est dans l’orange quand elle se situe entre 30 et 60%. C’est alors le moment de faire le point sur les adaptations et changements qui s’imposent pour pouvoir la recharger.
  • Elle est dans le rouge quand elle est soit en-dessous de 30%, soit au-dessus de 90%, ce qui est le cas de la personnalité à profil burnout, qui est très exigeante envers elle-même, perfectionniste, rarement satisfaite, et qui prend les choses très à cœur. Quand sa batterie est dans le rouge, elle l’épuise et fonctionne alors sur sa réserve. Or, tout comme la réserve d’une voiture doit permettre de faire les derniers kilomètres jusqu’à la station essence, notre réserve ne doit servir que dans les cas extrêmes, ni en continu, ni de manière récurrente, sous peine de ne plus pouvoir être rechargée. 

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Et vous, dans quel état sont vos batteries ?

Abordons chacune d’elles, en faisant le point et en envisageant des pistes pour les recharger.

Comment va ma santé physique ?

Check : Cette batterie peut être en surcharge suite à un trop plein d’activité physique combiné à un manque de repos : un bébé qui ne passe pas encore ses nuits, des heures passées à travailler sur un projet, un déménagement, des entraînements intensifs pour une compétition sportive… 

… ou en sous-charge, suite à trop de sédentarité : Je travaille depuis des semaines sur mon PC pour boucler un projet, je manque d’énergie à force de ne plus bouger…

Pistes : Dans le 1er cas, j’écoute mon corps, fatigué physiquement, qui me demande de ralentir. Je lui donne du repos, je veille à ne pas trop me dépenser, le temps de récupérer, et je m’autorise, par exemple, à faire une sieste ou à aller dormir plus tôt.

Dans le 2ème cas, il est grand temps de bouger et de me dépenser : aller au travail à pied ou à vélo, emprunter les escaliers plutôt que l’ascenseur, m’inscrire à un club de sport, travailler dans le jardin, danser, …

Remarque : Apprendre à s’écouter et se respecter, c’est aussi écouter son rythme biologique et le calquer sur celui de la nature. Alors qu’il est normal d’avoir un regain d’énergie au printemps, il est tout aussi naturel de ressentir une baisse en automne, de ralentir ses activités physiques et de se mettre en mode « hibernation » et cocooning.

Quel est mon état émotionnel ? Comment va ma vie affective ?

Check : Cette batterie peut être en surcharge suite à trop d’émotions (agréables ou désagréables) … : Je viens d’acheter une maison, de signer mon premier contrat de travail et j’apprends que nous allons avoir un enfant, ou je viens d’apprendre la maladie d’une personne proche, de rater un examen et je suis en pleine séparation.

… ou être en sous-charge si je vis un « vide affectif », par manque d’émotions : Je suis dans un rythme métro-boulot-dodo et je me sens vide, j’ai l’impression que rien ne se passe dans ma vie.

Pistes : Dans le 1er cas, je peux faire une pause avec moi-même, faire des activités qui me changent les idées et qui me font du bien, côtoyer des personnes qui m’apaisent, m’offrir un moment de méditation ou de respiration en pleine conscience…

Dans le second cas, il est temps d’enrichir ma vie affective et de retrouver du plaisir dans mon quotidien : revoir des amis, susciter de nouvelles rencontres, me lancer dans de nouveaux projets qui m’animent, planifier une fête ou un voyage…

Qu’en est-il de ma charge mentale ?

Check: Cette batterie peut se décharger suite à trop d’effort ou de stress mental et conduire à ce qu’on appelle la « surcharge mentale » … : une période de blocus avant les examens, une formation intensive avant un nouveau job, un projet où je suis seul à tout organiser, penser et anticiper, …

… tandis qu’un manque de stimulation va également profondément décharger cette batterie : un travail hyper routinier et répétitif, une vie uniquement rythmée par les biberons et les langes, un manque de challenges, …

Pistes : Dans le 1er cas, je me coupe un maximum des sources de stimulation (notifications incessantes sur le téléphone, radio, télévision) et je privilégie des activités ressourçantes et relaxantes : bain de forêt, balade en nature, méditation, musique, lecture plaisir, …

Dans le second cas, je me lance dans une activité stimulante et enrichissante : reprendre une formation, apprendre une langue étrangère, suivre un cours d’informatique, choisir des lectures sur un thème qui m’intéresse, …

Où en suis-je au niveau spirituel ? 

Check: Est-ce que ma vie a du sens pour moi ? 

Alors que trop de projets et de défis enthousiasmants vont nous épuiser… : Je n’aurai pas assez d’une vie pour faire tout ce que je voudrais, je brûle la chandelle par les 2 bouts, ma tête bouillonne d’idées et je suis sur 1000 projets à la fois, …

… nous nous sentirons tout autant épuisés dans une vie qui manque de sens : ça fait des années que je suis dans un job qui ne correspond pas ou plus à mes valeurs et qui est devenu juste « alimentaire », je suis dans une relation qui ne m’épanouit plus et où on ne partage plus rien, je me lève tous les matins en mode « robot » sans plus avoir ni projet ni envie, …

Piste: Dans le 1er cas, il peut être nécessaire de faire des choix et de mettre des priorités, de déterminer un calendrier avec des échéances en me donnant davantage de temps pour réaliser toutes ces choses qui m’enthousiasment.

Dans le second cas, il est temps de m’arrêter un moment, de me recentrer et de faire le bilan pour reprendre la télécommande de ma vie : Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce qui est important pour moi ? Qu’est-ce qui me donnerait l’énergie et l’envie de me lever tous les matins ? Quelles sont mes valeurs ? Comment j’ai envie d’impacter le monde ? Quelle trace j’ai envie de laisser ? En résumé : Qu’est-ce qui fait sens pour moi ?

Très souvent, on remarque qu’une personne qui est en burnout est aussi en perte de sens. A trop vouloir être parfaite, faire les choses à fond, être forte, faire plaisir, vouloir correspondre aux attentes et prendre les choses très/trop à cœur, c’est comme si elle passait « à côté d’elle-même » et de l’essentiel. Et le moment où elle craque est précisément le moment où ce qu’elle fait n’est plus en accord avec qui elle est et ce dont elle a besoin. Tout l’intérêt de consulter et de se faire accompagner réside alors dans cette « parenthèse » qu’elle s’offre pour se retrouver, face à elle-même, et faire le point sur qui elle est vraiment au plus profond d’elle-même, ce qui est essentiel POUR ELLE, sans plus tenir compte des attentes et pressions de l’extérieur, en ne donnant plus aucun pouvoir au regard des autres sur SA vie.

Vous avez maintenant les clés pour être vigilant et pleinement conscient de l’état de vos batteries. 

Vous savez maintenant comment « sentir » où vous en êtes et comment prendre soin de votre fantastique « mécanique » et vous donner le carburant dont vous avez besoin pour avancer dans VOTRE vie !

Source : « Génération Burnout  – Un monde en métamorphose » (Joëlle Huaux – Editions Quintessence)